Changer de travail ou changer son rapport au travail ?
Quand on ne se sent pas à sa place dans son job, le premier réflexe est souvent d’envisager une reconversion R-A-D-I-C-A-L-E. Parfois, à raison. Surtout dans cette période qui suscite des réflexions autour de son utilité et de l'alignement de nos valeurs avec notre travail... Mais, avant de remettre en cause le contenu de ce que vous faites au quotidien, commencez plutôt par réfléchir à 2 aspects : Quelle est la place que vous accordez au travail dans votre vie ? Dans quelles conditions travaillez-vous ?
On peut avoir un job épanouissant, en théorie... Mais s'il ne respecte pas un certain équilibre pro/perso, et qu'on ne l'exerce pas dans de bonnes conditions, pas sûr qu'on soit plus heureux à la fin...
Prenez la plupart des métiers dits de "vocation", comme ceux de la santé ou de l’enseignement : ce sont aussi les secteurs qui sont le plus en souffrance (souffrance à laquelle on semble enfin prêter attention aujourd'hui...). D'après une étude récente sur le bien-être et les besoins du personnel soignant, près de 7 soignants sur 10 en France sont actuellement en situation d'épuisement professionnel. Prenez également les jobs cool ou en vogue en ce moment (start-up, artisanat, freelancing...) : beaucoup se retrouvent avec un quotidien sous pression, des journées voir des nuits consacrées uniquement à leur travail. La réalité est souvent bien plus amère que ce que les media laissent entrevoir. Au delà des mauvaises conditions de travail propres à certains secteurs, il y a aussi... le rapport que nous entretenons avec notre travail, particulièrement en France.
Les Frenchies et le travail : une relation particulière
Dans toutes les enquêtes internationales, nous sommes parmi les plus nombreux à dire que le travail est “très important" : 70% en France vs 40% au UK ou en Allemagne. Quelques facteurs culturels expliquent ce sérieux "penchant" pour notre travail :
➙ Les pays anglo-saxons ont un rapport au travail plus utilitaire et pragmatique. Leur emploi leur permet de subvenir à leurs besoins, mais ne définit pas qui ils sont
➙ En France, un job est beaucoup plus identitaire : il permet de signaler son statut/sa position dans la société voire, d’exprimer qui on est, de se réaliser
On utilise le mot travail tous les jours. Le matin, on repense à un rêve qui nous travaille. On travaille sur nos émotions chez le psy et bien sûr on va tous les jours au travail pour pouvoir payer son loyer. Mais parfois quand on est au travail et qu’on passe des heures dans de longues réunions inutiles, on a le sentiment qu’on n’a pas eu le temps de vraiment travailler. Alors de quoi parle-t-on ? Tout le monde comprend le mot travail, mais on est bien embêtés dès lors qu’on nous demande de le définir.
On vous recommande de regarder cette interview "Travailler a t-il un sens ?" de Marie-Anne DUJARIER, formidable sociologue. Elle y explique que le travail n’existe pas en soi, que c’est une catégorie de pensée qui a émergé à partir du XIe siècle, et qui est valorisée moralement et socialement depuis le début du capitalisme.
Non seulement le mot travail a plusieurs sens, mais de plus en plus de gens s’interrogent sur le sens qu’a leur travail, et notamment sur son utilité. Travailler a-t-il un sens, dans tous les sens du terme ?
Le travail fait partie intégrante de notre identité : à quel prix ?
L’envie de porter ses valeurs à travers son job, d'être aligné avec ce que l'on fait, de vouloir se sentir utile est évidemment une bonne chose, surtout en ce moment... C’est d'ailleurs ce à quoi on essaie de contribuer avec Switch Collective. Mais attention aux raccourcis du type :
➙ Si je n’ai pas de job, je ne suis rien
➙ Si je n’ai pas un job “cool”, je suis un looser
➙ Si je n’ai pas un job qui ne me rémunère pas suffisamment, c'est que moi-même je ne vaux pas assez
➙ Si je n’ai pas un job utile, je suis inutile
➙ Si je n’ai pas un job intéressant, je suis inintéressant
➙ Si je n’ai pas un job prestigieux, je n’occupe pas la bonne place dans l’échelle sociale
L'art de se sur-investir dans son job
Chez Switch Collective, parmi les se retrouve évidemment confronté à des problèmes de désengagement mais aussi - et bien plus souvent qu'on ne le pense - à des problématiques de sur-engagement. Dans les entreprises avec de fortes valeurs humanistes par exemple, beaucoup de collaborateurs se sentent extrêmement investis, ils veulent toujours faire au mieux avec le risque de n’y arriver qu’en travaillant de manière acharnée et en étant sur-connecté.
On a également des participants qui ont fait le switch dont ils rêvaient mais qui ont dépassé leurs limites. Il y a par exemple Cécile, qui après une carrière à 200 à l'heure dans les assurances s'était lancée dans la pâtisserie. Elle a fini par faire un burn-out 2 ans plus tard pour cause de surmenage. Le Bilan Switch lui a permis de remettre les choses en perspective :
"J'ai compris que depuis toujours, je donnais une place au travail bien trop importante dans ma vie."
La leçon à garder en tête : si vous vous investissiez trop dans votre job actuel, il y a fort à parier que vous ferez de même avec le suivant, surtout si c'est le job de vos rêves.
Et si on (re)mettait le travail à sa place ?
Pour ça, on vous encourage à :
#1. Remettre en cause vos croyances familiales
➙ Quelle était la place du travail dans votre famille : centrale, accessoire, positive, négative, identitaire, utilitaire ?
➙ Quelle identité vos parents ont-ils construit à travers leur travail : je suis responsable ? utile ? engagé ? efficace ?
➙ À qui cherchez-vous à plaire ? De qui cherchez-vous à obtenir l'approbation avec votre job ?
#2. Prendre de la distance par rapport aux injonctions de notre société
Les français sont ceux qui donnent le plus d'importance au travail, on l'a dit... Mais paradoxalement, on est aussi parmi les plus nombreux à souhaiter que le travail prenne moins de place dans notre vie.
En France, le "plus on en fait, mieux c’est" est une croyance très ancrée. L'idéal de la « république » et du « mérite » nous fait penser qu'on ne peut réussir qu’en travaillant beaucoup. Si c’était aussi simple... Le principe de Peter met au contraire en avant que ceux qui réussissent le mieux sont les personnes qui ont les aptitudes sociales "qu'il faut" et non celles qui sont les plus compétentes ou travailleuses.
#3. Interroger le "statut" que vous voulez véhiculer avec votre job
Jusqu’à quel point votre job est identitaire pour vous? Quelle identité voulez-vous consciemment ou inconsciemment transmettre avec votre job ? Si vous êtes vraiment honnête, quelle importance donnez-vous à l'image que votre job renvoie ?
Notons au passage que les jobs les plus prestigieux ne sont pas forcément les plus utiles pour la société... : les aides-soignants, aides à domicile, éboueurs, les caissières (puisque ce sont si souvent des femmes) sont des métiers essentiels mais tellement peu valorisés ! Espérons que ce que l'on vit en ce moment soit l’opportunité de revoir la hiérarchie sociale des métiers dans notre société.
#4. Ne pas tout faire reposer sur votre job
Votre job, au sens d’activité rémunérée, n’est qu’une manière d’exprimer qui vous êtes et ce à quoi vous souhaitez contribuer. Parmi les anciens du Bilan Switch, on pense par exemple à Ahmed, qui en parallèle de son job d'analyste financier, s'est engagé dans l'association Ghettup. Ou encore à Hélène, qui en parallèle de son job de juriste dans l'immobilier, s'est elle aussi engagée dans l'association Solidarités Nouvelles pour le Logement qu'elle a connue grâce à Switch Collective. Ou encore à Julie qui travaille en agence de communication mais a également écrit un roman et lancé le collectif Et Après. D'ailleurs quand on envisage un changement de job, commencer par un petit pas vers une autre activité en parallèle de son job peut être la meilleure manière de préparer un changement définitif.
#5. Faire autant attention à ses conditions de travail qu'au travail en lui-même
Si vous n’êtes pas heureux dans votre job, demandez-vous si le problème vient de son contenu ou concerne les conditions dans lesquelles vous l’exercez. Que vous apprend la période actuelle sur la juste place que vous voulez donner à votre travail ? Qu’est-ce que vous aimeriez conservez après ?
Un exercice pour enclencher la réflexion
On dit que la jalousie est un vilain défaut... Mais elle peut nous donner des indices intéressants quand on sait l'analyser sans jugement ! Réfléchissez à 3 personnes autour de vous (que vous connaissez ou non) pour qui vous éprouvez un peu de jalousie, notamment professionnelle. Pour chacune d'elle, demandez-vous de quoi vous êtes vraiment jaloux.se ?
➙ De son statut/prestige ? Par exemple, votre copain Ludo qui est au COMEX d'une grosse boite, est-ce que vous êtes sûr.e de l'envier pour l'intérêt de son job ? Ou juste de l'image que ça renvoie ? Pourquoi voudriez-vous renvoyer cette image ? Pour faire plaisir à qui ? Pourquoi avez-vous besoin de ça pour vous donner de la valeur ?
➙ De ses conditions de travail et donc de ses conditions de vie (équilibre vie pro/ perso, type d'entourage, horaires, flexibilité)? Par exemple, votre amie Stéphanie qui est comédienne en parallèle de missions de conseil en communication : êtes vous envieux.se parce que vous aimeriez vous-même être comédien.ne ou bien parce que vous enviez cette place qu'elle a faite à une passion plus personnelle ? Le fait qu'elle soit entourée de gens créatifs? Qu'elle se soit construit un agenda flexible ? Comment pourriez-vous injecter un peu plus de tout ça dans votre vie ?
POUR ALLER PLUS LOIN
Si vous êtes en pleine période de doute ou de switch et que tu vous voulez aller plus loin que ce petit exercice d’écriture, rejoignez notre mini-programme gratuit : 7 jours pour switcher. Vous recevrez chaque jour pendant une semaine des contenus indispensables pour lancer la dynamique…
Et si vous voulez rencontrer la team Switch, on organise très régulièrement des lives avec des conseils et des exercices concrets, pour faire un premier pas en douceur dans sa transition pro. On y parle aussi du Bilan Switch, notre programme de 2 mois en collectif pour redonner du sens à sa vie pro. Inscriptions ici.
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